« Le nihilisme européen tel que l’a analysé Nietzsche, en tant que dépréciation morbide de toutes les valeurs supérieures et désert de sens, ne correspond plus à cette démobilisation de masse ne s’accompagnant ni de désespoir ni de sentiment d’absurdité. Tout d’indifférence, le désert postmoderne est aussi éloigné du nihilisme « passif » et de sa délectation morose sur l’inanité universelle que du nihilisme « actif » et de son autodestruction. Dieu est mort, les grandes finalités s’éteignent, mais tout le monde s’en fout, voilà la joyeuse nouvelle, voilà la limite du diagnostic de Nietzsche à l’endroit de l’assombrissement européen. Le vide du sens, l’effondrement des idéaux n’ont pas conduit comme on pouvait s’y attendre à plus d’angoisse, plus d’absurde, plus de pessimisme. [...] L’indifférence, pas la détresse métaphysique. »
Lipovetsky, Gilles. L’ère du vide : essais sur l’individualisme contemporain. Gallimard, collection Folio essais, 1983. p. 52
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire