« L’individu, enfermé dans son ghetto de messages, affronte désormais sa condition mortelle sans aucun appui « transcendant » (politique, moral ou religieux). « Ce qui révolte à vrai dire contre la douleur ce n’est pas la douleur en soi, mais le non-sens de la douleur », disait Nietzsche : il en va de la mort et de l’âge comme de la douleur, c’est leur non-sens contemporain qui en exacerbe l’horreur. Dans des systèmes personnalisés, ne reste dès lors qu’à durer et s’entretenir, accroître la fiabilité du corps, gagner du temps et gagner contre le temps. [...] Rester jeune, ne pas vieillir : même impératif de fonctionnalité pure, même impératif de recyclage, même impératif de désubstantialisation traquant les stigmates du temps afin de dissoudre les hétérogénéités de l’âge. »
Lipovetsky, Gilles. L’ère du vide : essais sur l’individualisme contemporain. Gallimard, collection Folio essais, 1983. p. 88
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire