« Dans sa rage d’innovation, l’art a dissous tous ses repères classiques, renonce au savoir-faire et au beau, ne cesse d’en finir avec la représentation, se saborde en tant que sphère sublime et entre, ce faisant, dans l’ère humoristique, cet ultime stade de sécularisation des œuvres, celui où l’art perd son statut transcendant et apparaît comme une activité livrée à l’escalade du n’importe quoi, au bord de l’imposture. À l’affût de matériaux déclassés, d’actions, de formes et volumes élémentaires, de nouveaux supports, l’art devient drôle à force de simplicité et de réflexivité sur sa propre activité, à force de tenter d’échapper à l’Art, à force de nouveautés et de révolutions. »
Lipovetsky, Gilles. L’ère du vide : essais sur l’individualisme contemporain. Gallimard, collection Folio essais, 1983. p. 234
Ce constat de G.L. est-il dénonciation ou apologie ?
RépondreSupprimerJe dirais que c'est une dénonciation. à ce propos, un extrait un peu avant, que j'ai coupé parce que c'était long mais bon je vais le mettre ici:
RépondreSupprimer« Les valeurs, le politique, l’art même sont pris dans cette dégradation irrésistible. Les beaux jours de la fin du siècle dernier et du début de XXe où l’art faisait scandale sont terminés : désormais, les œuvres les plus dépouillées, les plus problématiques, les plus « minimales » – surtout elles – ont un effet comique, indépendamment de leur contenu. On a beaucoup glosé sur l’humour des artistes pop, sur la désacralisation de l’art qu’ils ont opérée, mais plus profondément, c’est l’ensemble de l’art moderne qui a pris peu ou prou une tonalité humoristique. Avec les grandes déconstructions cubistes et la fantaisie surréaliste, avec l’abstraction géométrique ou expressionniste et l’explosion des courants pop, nouveaux réalistes, land art, body art, happenings, performances, pattern, aujourd’hui post-modernes, l’art a cessé de « faire sérieux ».
Mais bon. Il faut en prendre et en laisser je suppose.