dimanche 20 février 2011

Le Changement

« La société moderne était conquérante, croyante dans l’avenir, dans la science et la technique, elle s’est instituée en rupture avec les hiérarchies de sang et la souveraineté sacrée, avec les traditions et les particularismes au nom de l’universel, de la raison, de la révolution. Ce temps se dissipe sous nos yeux, c’est en partie contre ces principes futuristes que s’établissent nos sociétés, de ce fait postmodernes, avides d’identités, de différence, de conservation, de détente, d’accomplissement personnel immédiat; la confiance et la foi dans l’avenir se dissolvent, les lendemains radieux de la révolution et du progrès ne sont plus crus par personne, désormais on veut vivre tout de suite, ici et maintenant, se conserver jeune et non plus forger l’homme nouveau. Société postmoderne signifie en ce sens rétraction du temps social et individuel alors même que s’impose toujours plus la nécessité de prévoir et d’organiser le temps collectif, épuisement de l’élan moderniste vers l’avenir, désenchantement et monotonie du nouveau, essoufflement d’une société ayant réussi à neutraliser dans l’apathie ce qui la fonde : le changement. »

Lipovetsky, Gilles. L’ère du vide : essais sur l’individualisme contemporain. Gallimard, collection Folio essais, 1983. p. 15

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