jeudi 16 février 2012

Autorégulation

« Au risque de scandaliser, le système peut même compter au nombre de ses avantages sa dureté. Dans le cadre du critère de puissance, une demande (c’est-à-dire une forme de la prescription) ne tire aucune légitimité du fait qu’elle procède de la souffrance d’un besoin inassouvi. Le droit ne vient pas de la souffrance, il vient de ce que le traitement de celle-ci rend le système plus performatif. Les besoins des plus défavorisés ne doivent pas servir par principe de régulateur au système, puisque la manière de les satisfaire étant déjà connue, leur satisfaction ne peut améliorer ses performances, mais seulement alourdir ses dépenses. La seule contre-indication est que la non-satisfaction peut déstabiliser l’ensemble. Il est contraire à la force de se régler sur la faiblesse. Mais il lui est conforme de susciter des demandes nouvelles qui sont censées devoir donner lieu à la redéfinition des normes de « vie ». En ce sens, le système se présente comme la machine avant-gardiste qui tire l’humanité après elle, en la déshumanisant pour la réhumaniser è un autre niveau de la capacité normative. Les technocrates déclarent ne pas pouvoir faire confiance à ce que la société désigne comme ses besoins, ils « savent » qu’elle-même ne peut pas les connaître puisqu’ils ne sont pas des variables indépendantes des nouvelles technologies. Tel est l’orgueil des décideurs, et leur aveuglement. »

Lyotard, Jean-François. La condition postmoderne. Éditions de Minuit. 1979. p.102

Interaction

« La nostalgie du récit perdu est elle-même perdue pour la plupart des gens. Il ne s’en suit nullement qu’ils sont voués à la barbarie. Ce qui les empêche, c’est qu’ils savent que la légitimation ne peut pas venir d’ailleurs que de leur pratique langagière et de leur interaction communicationnelle. Devant toute autre croyance, la science qui « sourit dans sa barbe » leur a appris la rude sobriété du réalisme. »

Lyotard, Jean-François. La condition postmoderne. Éditions de Minuit. 1979. p.68

Inconséquence

« On ne saurait juger ni de l’existence ni de la valeur du narratif à partir du scientifique, ni l’inverse : les critères pertinent ne sont pas les mêmes ici et là. Il suffirait à la limite de s’émerveiller de cette variété des espèces discursives comme on le fait de celle des espèces végétales ou animales. Se lamenter sur « la perte du sens » dans la postmodernité consiste à regretter que le savoir n’y soit plus narratif principalement. C’est une inconséquence. Une autre n’est pas moindre, celle de vouloir dériver ou engendrer (par des opérateurs tels que développement, etc.) le savoir scientifique à partir du savoir narratif, comme si celui-ci contenait celui-là à l’état embryonnaire. »

Lyotard, Jean-François. La condition postmoderne. Éditions de Minuit. 1979. p.48

mardi 7 février 2012

Eggs

« It was great seeing Annie again and I realized what a terrific person she was and how much fun it was just knowing her and I thought of that old joke, you know, the, this, this guy goes to a psychiatrist and says, "Doc, uh, my brother's crazy, he thinks he's a chicken," and uh, the doctor says, "well why don't you turn him in?" And the guy says, "I would, but I need the eggs." Well, I guess that's pretty much now how I feel about relationships. You know, they're totally irrational and crazy and absurd and, but uh, I guess we keep going through it...because...most of us need the eggs. »

Allen, Woody. Annie Hall. 1977