« La vie est plus et moins
que l’ennui, que ce soit dans l’ennui et par l’ennui que l’on discerne ce qu’elle
vaut. Une fois qu’il s’insinue en vous, et que vous tombez sous son invisible
hégémonie, tout paraît insignifiant à côté. On pourrait en dire autant de la
douleur. Assurément. Mais la douleur est localisée, tandis que l’ennui évoque
un mal sans siège, sans support, sans rien sinon ce rien, inidentifiable, qui
vous érode. Érosion pure, dont l’effet n’est pas perceptible, et qui vous
métamorphose lentement en une ruine inaperçue des autres, et presque inaperçue
de vous-même. »
Cioran, E.M. Ébauches
de vertige. Éditions Gallimard, Collection Folio, 1979, p. 83
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