« On retrouve tout à coup le serpent et c’est à ce moment-là qu’arrive le plus pitoyable : les effrontés se lèvent et nient : Nous n’avons jamais eu peur, c’est seulement celui-là qui a fait dans ses culottes ! hihi!
Cela, dit Scriver en regardant le bouchon doré flotter dans le verre, est non seulement lamentable mais tragique. C’est la tragédie de l’homme d’aujourd’hui. Il a cessé d’avoir le courage d’avoir peur. C’est malheureux car, de ce fait, il est à peu près obligé de ne plus penser. En effet, celui qui n’a pas le courage d’avoir peur doit logiquement abandonner les activités qui l’inquiètent et qui pourraient par une porte dérobée le faire déboucher sur la peur. N’est-ce pas pour cette raison que l’anti-intellectualisme devient si facilement populaire ? N’est-ce pas pour cette raison que toutes les mystiques reconnaissances du sang et du sexe sont accueillies avec reconnaissance par tous ceux qui, par lâcheté, veulent réduire tous les problèmes à des questions de tripes et de glandes ? »
Dagerman, Stig. Le Serpent. Gallimard, Collections L’Imaginaire. Stockholm, 1945. p. 239
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