dimanche 30 janvier 2011

Fruits

«  Whilelm, c’est ainsi et je ne murmure point, les fleurs de la vie ne sont que des apparitions ! Combien passent sans laisser une trace, combien rares celles qui donnent des fruits, combien rares ceux de ces fruits qui mûrissent ! Et pourtant, de ces fruits, il en est assez; et pourtant... oh! frère!... ces fruits mûrs, pouvons-nous les négliger, les laisser pourrir sans y avoir goûté ? »

Goethe. Les Souffrances du jeune Werther. Garnier-Flammarion, Paris. p.92

Courir le monde

« Mon cher Whilhelm, j’ai fait toutes sortes de réflexions sur ce désir qui pousse l’homme à s’étendre, à faire de nouvelles découvertes, à courir le monde, et d’autres inversement sur l’instinct profond qui l’amène à accepter volontairement d’étroites limites, à suivre l’ornière de l’habitude, sans s’inquiéter de ce qui est à droite ou à gauche.
   Chose étrange : lorsque j’arrivai ici et que du haut de la colline je plongeai mes regards dans cette belle vallée, tout ce qui m’environnait m’attirait. – Là-bas, ce petit bois ! – Ah! que ne peux-tu mêler ton ombre aux siennes ! – Là-bas la cime de cette montagne ! – Ah ! que ne peux-tu, de là, embrasser cette vaste contrée ! – Et ces collines enchaînées l’une à l’autre, et ces vallons intimes ! – Oh ! que ne puis-je me perdre en eux ! – J’y courais et je m’en revenais sans avoir trouvé ce que j’espérais. Il en est, hélas! des lointains comme de l’avenir ! Un monde immense et nébuleux s’étend devant notre âme, notre sensibilité s’y plonge et s’y perd comme notre regard et nous aspirons à donner tout notre être pour que la volupté d’un unique, d’un grand, d’un magnifique sentiment nous emplisse entièrement. Et, hélas! lorsque nous y courons, lorsque là-bas est devenu ici, tout est après comme avant, nous restons là dans notre pauvreté, dans nos étroites limites et notre âme assoiffée se tend vers le breuvage rafraîchissant qui lui a échappé. »

Goethe. Les Souffrances du jeune Werther. Garnier-Flammarion, Paris. p.68


lundi 24 janvier 2011

Le Peuple

« Je sais bien que nous ne sommes pas égaux, que nous ne pouvons pas l’être ; mais je soutiens que celui qui, pour maintenir le respect, croit nécessaire de s’éloigner de ce qu’on appelle le peuple, est tout aussi blâmable que le poltron qui devant l’ennemi se cache de peur d’avoir le dessous. »

Goethe. Les Souffrances du jeune Werther. Garnier-Flammarion, Paris. p.50

mercredi 19 janvier 2011

Bonheur tranquille

« En revanche, je n’exige aucune place pour l’harmonie dans ce système. Le bonheur tranquille, comme on le sait, a fâcheusement tendance à dégénérer en rots et en abrutissement. »

Dagerman, Stig. Le Serpent. Gallimard, Collections L’Imaginaire. Stockholm, 1945. p. 240

Tranquillité

«  Tellement facile de procéder par élimination. Avec l’habitude, on finit par oublier tout ce qui pourrait troubler votre tranquillité. »

Dagerman, Stig. Le Serpent. Gallimard, Collections L’Imaginaire. Stockholm, 1945. p. 207

Différent

« Irène regarde autour d’elle. Mais elle ne lit ni étonnement ni émotion sur les visages des autres et elle reste désemparée. Pourquoi je peux pas être comme les autres? Pensa-t-elle faiblement. Est-ce que ça serait différent si c’était moi qui sautais toute nue au milieu des autres en voulant me battre? »

Dagerman, Stig. Le Serpent. Gallimard, Collections L’Imaginaire. Stockholm, 1945. p. 93

Lâches

« Le courage, il n’en aura besoin que plus tard, lorsqu’il faudra rentrer au camp. Mais comme tous les lâches quand ils doivent prendre une décision hardie, il se persuade que l’action met fin au temps, que l’éternité viendra après, que la vie va s’arrêter et n’avancera plus, un peu comme une aiguille sur un disque éraflé. »

Dagerman, Stig. Le Serpent. Gallimard, Collections L’Imaginaire. Stockholm, 1945. p. 73

Le Courage

« On retrouve tout à coup le serpent et c’est à ce moment-là qu’arrive le plus pitoyable : les effrontés se lèvent et nient : Nous n’avons jamais eu peur, c’est seulement celui-là qui a fait dans ses culottes ! hihi!
   Cela, dit Scriver en regardant le bouchon doré flotter dans le verre, est non seulement lamentable mais tragique. C’est la tragédie de l’homme d’aujourd’hui. Il a cessé d’avoir le courage d’avoir peur. C’est malheureux car, de ce fait, il est à peu près obligé de ne plus penser. En effet, celui qui n’a pas le courage d’avoir peur doit logiquement abandonner les activités qui l’inquiètent et qui pourraient par une porte dérobée le faire déboucher sur la peur. N’est-ce pas pour cette raison que l’anti-intellectualisme devient si facilement populaire ? N’est-ce pas pour cette raison que toutes les mystiques reconnaissances du sang et du sexe sont accueillies avec reconnaissance par tous ceux qui, par lâcheté, veulent réduire tous les problèmes à des questions de tripes et de glandes ? »

Dagerman, Stig. Le Serpent. Gallimard, Collections L’Imaginaire. Stockholm, 1945. p. 239

dimanche 9 janvier 2011

Efficacité

"[Le locuteur] en fait un usage personnel pour exprimer sa pensée et ses sentiments avec la plus grande efficacité possible."

Corbeil, Jean-Claude. L'embarras des langues: origine, conception et évolution de la politique linguistique québécoise. Montréal: Québec Amérique, 2007. Page 33.

jeudi 6 janvier 2011

Des choses vraies

« - Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si vous écrivez des choses vraies ou des choses inventées.

Je lui réponds que j’essaie d’écrire des histoires vraies mais, à un moment donné, l’histoire devient insupportable par sa vérité même, alors je suis obligé de la changer. Je lui dis que j’essaie de raconter mon histoire, mais que je ne le peux pas, je n’en ai pas le courage, elle me fait trop mal. Alors, j’embellis tout et je décris les choses non comme elles se sont passées, mais comme j’aurais voulu qu’elles se soient passées. »

Kristof, Agota. Le Troisième Mensonge. Éditions du Seuil, Collection Points, 1991. Page 14.

The Horror

“The profound ignorance of the world is Horrible. “The Horror” is why I’ll have to take refuge in the Apocalypse of the Fellaheen.”

Kerouac, Jack. « To Allen Ginsberg, December, 1954 », Selected Letters 1940-1956. Penguin Books, 1995, New York. Page 453.

lundi 3 janvier 2011

À lire



À lire:

Jack Kerouac - On the Road (The Original Scroll)
Henry Miller - Tropic of Cancer
Henry Anatole Grunwald - Salinger: The Classic Critical and Personal Portrait
Stig Dagerman - Le Serpent
Franz Kafka - Le Procès
Agota Kristof - Le Troisième mensonge
Michel Houellebecq - Les Particules élémentaires
Henry Miller - Lire aux cabinets (que je vais aller mettre aux cabinets bientôt, justement)
Gustave Flaubert - L'Éducation sentimental
J.D. Salinger - Raise High the Roof Beam, Carpenters and Seymour, an Introduction
J.D. Salinger - Franny and Zooey
Jorge Luis Borges - Manuel de zoologie fantastique
Jorge Luis Borges - Histoire de l'infamie / Histoire de l'éternité
Goethe - Les  Souffrances du jeune Werther
Josten Gaarden - Maya
Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit