« Mais il arrive pourtant que, malgré les injonctions des spin doctors et l’ingéniosité des publicitaires, malgré le conditionnement de la société du spectacle, malgré l’anesthésie de la consommation à outrance, malgré le rire obligatoire, malgré les drogues, les calmants et l’alcool que nous consommons pour le tenir à distance, un peu de réel réussisse à surnager.
Et ça fait mal. Le regard des naufragés fait mal. L’arrogance des puissants fait mal. L’insondable stupidité des médias fait mal. Notre responsabilité, par-dessus tout notre responsabilité personnelle, fait mal. Nous avons les mains sales, nous savons que nos fonds de pension se construisent sur la mise à sac de la planète et la détresse des chômeurs, et ça fait mal. Nous savons que notre indifférence et notre veulerie sont la source du marasme politique dont nous feignons de nous plaindre et ça fait mal. Mais cette douleur est notre chance et notre espoir ; c’est en elle que subsiste un peu de notre humanité ; c’est à partir d’elle que pourra se construire notre refus. »
Émond, Bernard. « Le réel » Il y a trop d’images. Lux éditeur, Montréal, 2011. p.106
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